Le 24 Octobre,
Une journée haute en couleur. Les rues de Pokhara s'animent très tôt le matin, les népalais sont des gens festifs et heureux.
Durant la matinée, nous avons visité le vieux "Pokhara", avec ses maisons Newars. Je me serai cru à Baktapur. Ces maisons sont faites d'argile et de briques rouges. Elles datent essentiellement des années 60. Les fenêtres et les portes sont étroites et minutieusement sculptées. Une oeuvre d'art à elles seules. Si dans beaucoup de villes, les maisons ont souffert du séisme de 2015, Pokhara fût plus épargnée.
L'ambiance des rues est agréable, il fait bon et beau, et la foule n'est pas encore au rendez-vous. Les commerçants sont fiers d'étaler sur les trottoirs leurs tissus, leurs fleurs (soucis), ainsi que leur vaisselle traditionnelle en cuivre...Il y en a de partout, un joyeux bordel. De temps en temps, des poudres de toutes les couleurs complètent ce tableau multicolore. C'est magnifique ! Ces poudres servent à la décoration des trottoirs la nuit tombée, pour la fête des lumières qui a lieu ces jours ci.
Puis nous sommes partis marcher au bord du lac Begnas, à quelques kilomètres du centre ville. Un magnifique lieu, bien moins touristique que le Lakeside. Nous avons dégusté un merveilleux dal bath, dans une petite boutique qui ne paye pas de mine...Des saveurs comme jamais je n'ai goûté jusqu'à maintenant. Bhim est toujours souriant et de très bonne humeur, et il aime toujours autant les photos.
De retour à Pokhara, la circulation s'est intensifiée à nouveau. Chaleur, bruit, pollution...je commence à avoir l'habitude. Bhim est reparti chez lui après m'avoir déposé à l'hôtel. Je sais que lui aussi fait sa sieste l'après midi.
Il est tôt, pourtant je sens la fatigue me prendre.
(...)
Et bien, je crois m'être assoupie au moins pendant 2 bonnes heures. Derrière la fenêtre de mon hôtel, je vois bien que la fête bat son plein. Le musique, assourdissante, fait vibrer les vitres. je me prépare rapidement, je suis impatiente de découvrir cette ambiance. Vite, vite!
Comme à chaque fois que je sors et je rentre de l'hôtel, les propriétaires (un jeune couple avec un enfant de 10 ans environ) me sourit. Nous aurions envie de nous dire plein de choses, j'en suis certaine, mais je vois bien que mon anglais me manque. Alors je marmonne quelques mots qu'ils comprennent néanmoins, mais notre regard en dit beaucoup plus.
En fin de soirée, la rue commerçante de Pokhara est bondée. Les vitrines s'animent, et je remarque que sur le sol, devant chaque porte des magasins, de magnifiques mandalas ont été crées avec cette poudre colorée du matin. Du jaune, rose, bleu, blanc, orange, rouge, vert....Des mandalas tous, plus beaux les uns que les autres. Symbole de prospérité pour les commerces, les népalais offrent aux Dieux, la beauté lumineuse de la Terre. Je suis certaine que de là-haut, l'Univers est comblé par autant de couleurs, de vie, de bienveillance, de joie et de coeur. Je suis touchée, là encore.
Il n'y a pas que les mandalas qui semblent parvenir jusqu'aux Dieux, il y a aussi les fréquences vibratoires de la musique et des chants népalais. Vu le bruit, je ne serai pas étonnée que les Dieux dansent...
Les jeunes népalais aiment cette fête des lumières. Les traditions sont importantes pour eux, et leurs corps s'animent. Je vois bien que tous s'amusent, pas un seul ne rejette la tradition hindou. Je suis admirative de ce lien qui les unit, de cette joie partagée si fièrement déployée. La rue est à la fois leur plus beau terrain de jeu, mais aussi leur maison.
Je repense aux montagnes, à toutes ces scènes de vie à portée de tous. Je repense également à ce matin lorsque de ma fenêtre de chambre, j'ai regardé une jeune femme se laver les cheveux dans la rue. Bidonville oblige, le fossé entre l'intérieur et l'extérieur est mince, au point que des familles entières se brossent les dents au beau milieu des passants.
Je me demande quelle définition pourrait avoir l'une de ces personnes, du "chez soi". C'est comme ci j'imaginais qu'ils pourraient répondre par "ma maison c'est mon corps, je me sens partout chez moi". A bas les frontières, les murs, les limites, les barrières et les fossés. Et oui, l'homme est partout chez lui, il vit sur la Terre.
Dans mon petit quotidien français, je ne soupçonnais pas l'existence de ces gens, de ces fêtes, de ces scènes de vie. Et pourtant, je vois bien le côté universel de notre incarnation : donner le meilleur de soi, toujours, en toutes circonstances, malgré notre décor culturel et notre histoire. Tout comme en France, je perçois l'énergie des personnes que je rencontre. Au delà de l'Amour que j'ai pour eux, je me dis aussi que je me sens à ma place, je me sens chez moi. Je réalise désormais, que je suis en train de transcender les espaces et les lieux.
Il est presque 21 heures, et je vais m'endormir aux sons des musiques traditionnelles népalaises (on dirait bollywood). La fête des Lumières est une fête inscrite dans le calendrier lunaire. A chaque lune descendante, les népalais sont en joie, et les festivités en témoignent. Pour eux, nous somme en 2079. Une belle preuve qu'au delà de transcender les lieux, la spiritualité nous offre aussi la possibilité de voyager au travers le temps.
Alors que mes yeux se ferment, je me prépare à vivre un autre état de conscience durant les prochaines heures, une autre réalité vivante : mes rêves.
Beaux rêves!